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SNCF : l’ouverture totale du réseau programmée… juste avant la grève !

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Loc VFLI.jpgUn accord informel entériné récemment entre le Parlement Européen et la présidence néerlandaise du Conseil vise à ouvrir totalement le trafic ferroviaire Voyageurs à la concurrence. Deux dates sont évoquées : 2020 pour les TGV et 2023 pour les autres trains. Cette orientation, qui pourrait être validée d’ici novembre, est annoncée juste avant la grève SNCF programmée le 26 avril, à l’appel de 5 syndicats. Une action qui vise à préserver les acquis des cheminots de l’entreprise publique, dont la réglementation du travail fait actuellement l’objet d’une renégociation particulièrement difficile.

 

Face à l'ouverture des marchés, deux approches possibles… et contradictoires

 

Selon une approche purement économique, l’arrivée de la concurrence exige de la part de la SNCF de gros efforts de productivité, notamment si elle ne veut pas être privée de sa vache à lait : le TGV. Une activité pour l’instant « rentable », qui non seulement ne bénéficie d’aucune subvention, mais qui de plus apporte un bol d’air aux finances de l’Entreprise. Sans compter que les bénéfices de la grande vitesse alimentent en grande partie les déficits des trains Intercités, permettant ainsi de conserver (provisoirement) une irrigation de l’ensemble du territoire national.

productivité.jpgRecherche de productivité, donc, mais sous quelles formes ? La SNCF a déjà revu sa politique d’achat, ses organisations... Et dans le même temps, la réforme du système ferroviaire a fait porter à l’entreprise de nouvelles charges, dont la dette liée aux infrastructures. Alors, il ne reste Plus qu’une seule piste : cette masse salariale dont l’évolution est souvent dénoncée.

Les Gouvernements de Droite, puis de Gauche (enfin si l’on veut) ont successivement anticipé cette situation en programmant l’abrogation de la réglementation du travail SNCF dans le cadre de la réforme « portant ferroviaire » de 2014. Un texte élaboré par une Majorité et validé sans sourciller par une autre, dont la finalité est  de faire régler par les salariés la facture du libéralisme européen.

 

cash investigation.jpgL’émission Cash Investigation a récemment illustré les effets dévastateurs de cette politique, et des fuites en avant qu’elle engendre. La libéralisation du transport routier, en dehors de toute harmonisation économique et sociale préalable, s’est faite au profit d’entreprises étrangères ou parfois de grands groupes français qui tels des négriers exploitent des salariés de pays européens de l’Est largement sous-payés. Tout cela au détriment de l’emploi en France. Comment rivaliser avec des chauffeurs issus de pays où le SMIC ne dépasse guère les 400 euros ?

Sur le réseau ferré français, l’ouverture à la concurrence du fret, en deux étapes (2003 et 2006), dans les mêmes conditions que la route, a coûté de nombreux trafics à la SNCF et a généré la perte de quelques 10 000 emplois… Quelques uns au profit d’entreprises ferroviaires concurrentes, mais essentiellement au profit de la route, elle même concurrencée par l'étranger...

Pour certains, la solution pour préserver les intérêts de la SNCF est donc toute trouvée : remettre en cause les acquis de son personnel. Sauf que, même en rémunérant les cheminots au SMIC français (dans un premier temps), à terme, ils ne seraient plus en mesure de rivaliser avec des confrères étrangers employés dans des conditions toujours plus dégradées.

 

La fuite en avant n’est pas la solution !

 

libéralisme.jpgJusqu’où le libéralisme peut-il mener ? Dans l’absolue, jusqu’au travail des enfants, et pourquoi pas à l’esclavage. Des propos exagérés ? Regardons ce qu’il se passe dans le monde et interrogeons-nous ! Pourquoi ce qu’il se passe ailleurs n’est pas concevable, pour l’instant, en France ? Peut-être que parce des barrières ont été érigées dans les esprits et sanctuarisées dans des lois au fil du temps, des conflits, des rapports de force, des négociations, des conciliations.

Tout un héritage social dans le collimateur des vrais profiteurs du système, ces financiers qui, avec le soutien implicite d’une majorité de gouvernements usent et abusent d'une arme fatale et insidieuse : le libéralisme. Que se passe-t-il à l’heure actuelle ? Une attaque frontale du code du travail, déjà diversement appliqué par les entreprises privées, et une remise en cause systématique des acquis des salariés du public. Pour survivre, une seule solution selon certains, être de plus en plus « productifs », en clair, travailler plus pour gagner moins… En réalité, la spirale d’un déclin social vers un puits sans fond

 

Une seule et vraie solution : l'Europe SOCIALE !

 

europe sociale.jpgNon, l’Europe ne doit pas servir à cela ! Car l’Europe est avant tout constituée des peuples qui la composent. A eux aussi de savoir s’ils souhaitent ou non prendre leur destin en main. Il est totalement inadmissible d’ouvrir des marchés à la concurrence en dehors de toute protection économique et sociale, et lorsque les dés sont délibérément pipés. La France toute entière, et particulièrement son industrie, en ont subi les conséquences... Jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien ? 

Pour en revenir à la SNCF : l’Entreprise croule sous les charges d’une dette infrastructure qui n’est pas la sienne. Une dette dont elle finance les traites et au sujet de laquelle il serait bon de se poser la question : si l’entreprise publique, fragilisée par les ouvertures de marchés successives, venait carrément à s’effondrer, qui financerait le réseau ? Les entreprises privées ?

précipice.gifLa solution à tous ces problèmes n’est pas la fuite en avant, mais le rétablissement de règles économiques et sociales permettant à la fois le développement de certains pays d’Europe tout en préservant les intérêts des autres nations. Une totale dérégulation ne pourra conduire, à terme, qu’à l’effondrement de tout un système, au détriment de l’ensemble des populations.


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