Il y a quelques mois enflait une rumeur à la SNCF. Face aux "sureffectifs" concentrés dans les « EDC » et autres « EME », sortes de pôles emploi internes à la SNCF, il aurait été question de mettre en œuvre un dispositif incitant au départ d’une certaine catégorie d’agents (cliquez ici). La rumeur faisait état de critères précis, et de mesures particulièrement favorables (dont l’annulation de la décote dans certaines conditions). Il s’agissait d’un système de préretraite qui, pour être mis en œuvre, aurait nécessité un certain nombre d’aménagement législatifs. Démenti officiel de la part de la SNCF (cliquez ici).
Le document présenté aujourd’hui au CCE à certaines organisations syndicales ne ressemble en rien à ce qu’évoquait la rumeur. Il ne s’agit nullement, contrairement à ce qu’affirme certaine presse, d’une possibilité pour les cheminots de « partir à 53 ans à la retraire ». Il s’agit d’une procédure de « départ volontaire ». En fait, une démission pure et simple de la SNCF assortie d'une indemnité au prorata du temps passé dans l’Entreprise. A charge, pour l’agent démissionnaire, de retrouver un emploi… ou de pointer au chômage. La procédure n’est pas nouvelle, elle repose sur un décret de 1954 et a déjà été mise en oeuvre dans les années quatre-vingts.
L’on aurait pu espérer mieux de la part de la SNCF. Cette procédure éculée reste très favorable à l’Entreprise et beaucoup moins aux salariés. Les évolutions sociales programmées dans le cadre de la réforme prouvent que tout est possible, y compris la remise à plat d’acquis sociaux qui faisaient partie de l’histoire de la SNCF. En faisant passer sa réforme, la même sous le Gouvernement de Droite que sous celui de Gauche, la Direction a prouvé ses capacités de lobbying et de persuasion au plus haut niveau. Si la SNCF avait affiché une réelle volonté d’élaborer un dispositif gagnant-gagnant, offrant aux cheminots « en sureffectif » la possibilité de partir plus tôt en retraite, elle aurait obtenu du Gouvernement les aménagements nécessaires. Elle n'a donc délibérément pas retenu cette option.
Lors de mes nombreuses rencontres avec les cheminots du terrain ces derniers temps, j’ai pu mesurer la désillusion, l’exaspération, le ras-le-bol des plus anciens face à une entreprise qui ne ressemble plus du tout à celle qu’ils ont connue à leur embauche. Pour eux, une seule ambition, quitter ce monde devenu hostile, fuir cette entreprise qu’ils ont aimée, dans laquelle ils se sont investis et qui désormais semble les détester. Mais peut-être pas au prix d’aller pointer au Pôle Emploi le plus proche. C’est hélas l’une des seules perspectives dont pourront « bénéficier » les cheminots entre juin 2014 et décembre 2016, date de validité de la procédure de départ volontaire. Pauvre SNCF.