Le résultat des municipales constitue un sérieux avertissement pour le Gouvernement. Les français ont exprimé leur grande déception au Pouvoir. C’était prévisible, et le phénomène n’est pas nouveau. Après avoir placé leurs espoirs dans un parti, après s’être convaincus qu’un changement de pouvoir pouvait tout changer, après s’être repus de promesses démagogiques qu’eux-mêmes affectionnent et réclament, les français ont été confrontés à la dure réalité. Face à la crise, quel que soit le pourvoir en place, les choses ne peuvent évoluer favorablement qu’à la marge. Sauf que plus les attentes sont importantes, plus ces attentes ont été exacerbées par des promesses non-tenues, plus la chute est brutale. Et plus lourde est la sanction, quel que soit le parti au pouvoir.
Le hasard du calendrier avait fait que j’avais rencontré des représentants de la direction SNCF entre les deux tours des présidentielles. Et de leur poser la question sur l’avenir de la réforme du système ferroviaire en cas de changement de Majorité. Une probabilité qui ne semblait nullement perturber mes interlocuteurs, selon lesquels le seul changement porterait éventuellement sur le calendrier. L’avenir leur a donné raison. La réforme du système ferroviaire, élaborée plus ou moins par la SNCF sous un régime ne Droite, n’a pas changé d’un iota avec l’arrivée de la Gauche au pouvoir. Pire, François Hollande, alors candidat, s’était engagé à maintenir le Statut des cheminots (ici). Le Président reprit finalement à son compte la définition fallacieuse qu’en donnait la Droite pour le vider de sa substance. A sa décharge, le report des expérimentations sur l’ouverture des TER à la concurrence… qui provoque une fronde dans ses propres rangs : quasiment toutes socialistes, les Régions multiplient ouvertement les initiatives pour se débarrasser de la SNCF.
Des orientations qui font un peu désordre, et qui ont provoqué le réveil récent et tardif des 11 Vice-présidents communistes (lire l'article de Mobilicités). De longue date, les régions multiplient les initiatives visant à débarrasser leurs réseaux de la SNCF et de ses cheminots (voir mon postà ce sujet). Première d’entre-elles, la constitution d’une association d’étude sur le matériel roulant, soi-disant pour améliorer les conditions d’achat du nouveau matériel, mais en fait destinée à prendre possession des parcs TER, des entretiens, et pas forcément salariés de la SNCF, en vue d'un transfert aux opérateurs privés. Les élus communistes tentent de se démarquer d’une revendication des présidents qui réclament la possibilité de faire appel à un autre opérateur que la SNCF dès 2019. Sauf qu’un règlement européen devant entrer en application au plus tard en 2019 offrira ce choix. Le résultat des municipales influencera-t-il les réflexions menées par les Régions ? Plus d’un cheminot ayant soutenu le Gouvernement en place doit se sentir trahi...
...Comme les français qui avaient placé de grands espoirs dans le changement de Majorité. La politique pratiquée par le Gouvernement en place est la même que celle menée par le précédent, aux apparences près. Pour les cheminots, c’est pire encore. La proximité entre certains syndicats, confortés par les récentes élections professionnelles, et le Pouvoir, anesthésie toute velléité de résistance à la réforme qui se profile. Le résultat des municipales constituera-t-il un électrochoc, une invitation à toutes ces décideurs estampillés à Gauche à pratiquer la politique qu’ils affichent mais qu’ils piétinent ? Pour avoir déçu les français, les socialistes ont été sanctionnés. Plusieurs villes ont basculé à Droite. Mais pour avoir autant déçu les cheminots, les mêmes peuvent-ils craindre une réaction équivalente ? Difficile à imaginer ! L’impunité est donc garantie, et le pire est à craindre.
Les cheminots ont particulièrement été « nantis » ces derniers temps, pas forcément dans le sens entendu par certains : remise en cause partielle de leur régime de retraite et durcissement des conditions de grève sous Sarkozy, future remise en cause de leur Statut et éclatement de l’Entreprise sous Hollande. Et un nouveau basculement du pouvoir ne ferait qu’accélérer les choses. Alors voter pour qui ? Ce dilemme explique en partie la montée de l’abstentionnisme. « Cà change quoi de voter ? », justifient certains. En tout cas pas grand-chose à la SNCF. Sauf si un jour, Le Gouvernement de Gauche tenait compte des avertissements des électeurs, et se mettait à pratiquer une politique de Gauche. Ainsi, les français bénéficieraient-ils d'un véritable choix, et pourraient réellement exprimer leurs convictions, quelles qu'elles soient, dans les scrutins. A défaut, les grands vainqueurs des élections à venir seront l’abstention, et un parti politique qui se nourrit en partie des mensonges et autres trahisons de ses homologues. A ce sujet, les municipales constituent un véritable avertissement, un électrochoc dont les cheminots pourraient profiter s'il était suivi d'une réelle prise de conscience. Un remaniement des esprits, pas le seul remaniement du Gouvernement. Bon, il est permis de rêver…