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Channel: Bernard Aubin
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« La réforme des régimes spéciaux a déjà eu lieu » (François Hollande)

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Au lendemain d’une grève des cheminots très suivies (36 % de grévistes,70 % des personnels roulants – chiffres définitifs), force est de constater que le Gouvernement a pris très au sérieux la menace d’un embrasement type novembre-décembre 95. Tous les ingrédients d’un cocktail explosif étaient effectivement réunis. A la SNCF, tout d’abord. Le personnel du dernier gros bastion social français, déjà confronté à une réforme controversée du système ferroviaire intégrant notamment la remise à plat du Statut, n’avait pas besoin de cela pour montrer les dents. Y ajouter une troisième réforme des régimes spéciaux en 5 ans, et l’éventuelle remise en cause du calcul des pensions sur les 6 derniers mois, c’était prendre le risque de faire exploser la cocotte minute. Avec des répercussions bien au-delà du giron de l’Entreprise.

 

La prudence s’impose donc. Dans son rapport, Yannick Moreau survole la question des régimes spéciaux… mais s’attaque néanmoins aux fonctionnaires. Quant au régime général, ses bénéfiaires en prennent  pour leur grade avec la proposition d’allonger une nouvelle fois la durée de cotisation pour accéder au taux plein. Sous son régime, Sarkozy avait martelé l’idée que l’allongement de la durée de vie impliquait l’allongement de la durée de cotisation… Une « évidence » qui n’en est pas une  mais désormais gravée dans l’inconscient collectif. Car une répartition plus juste des richesses dégagées par le travail, et de la productivité imposée aux salariés, permettrait parfaitement de maintenir l’âge de départ à taux plein pour tous. Et si le financement des régimes implique qu’effectivement, des perspectives soient trouvées et des efforts supplémentaires soient accomplis, comment expliquer que des solutions comme l’augmentation des cotisations, équitablement répartie entre entreprises et salariés, ne soient pas effleurées ? La faute à l’Europe, dont les « recommandations » font office de diktats en la matière ?

 

Pour en revenir à l’intervention de François Hollande, le « partage des efforts » et la « réduction des inégalités » sont-ils remis aux calendes grecques ? Cette question en impose une autre. Inégalité entre qui et qui et entre quoi et quoi ? Bien sûr, il reste indéniable que le régime de retraite des fonctionnaires ou que les régimes spéciaux sont plus favorables que le régime général. Cette situation peut-elle être qualifiée d' "injuste" pour autant ? Les salariés français bénéficient-ils tous, à niveau d’étude et de compétence égale, des mêmes salaires ? Est-il « équitable » que certains soient obligés de prolonger leur durée d’activité alors que d’autres sont condamnés au chômage ? Est-il équitable que ceux qui, certes, bénéficient d’un régime de retraite avantageux soient moins bien payés dans le public  qu’ils ne l’auraient été dans le secteur privé ? Est-il juste de pointer du doigt aujourd’hui ceux dont les retraites sont plus avantageuses alors qu’il n’y a pas si longtemps, la modicité de leur salaire faisait sourire les mêmes qui les envient aujourd’hui ?… Est-il concevable que telle ou telle catégorie de salariés bénéfice d’allègement fiscaux liés aux métiers qu’ils exercent ? L’équité, la vraie, se mesure globalement.  Entrevue isolément, elle mène à l’injustice.

 

A quelle sauce les salariés seront-ils mangés ? L’allongement de la durée de cotisation est-elle une mesure juste ? Non, évidemment… Il est indispensable de rappeler l’un des âges légaux de départ à la retraite, celui auquel tout salarié accède automatiquement au taux plein de pension : 67 ans ! Qui imagine qu’un salarié, soumis à des contraintes physiques importantes, parte en retraite… à 70 ans après la réforme ? Qui estime pouvoir résister au stress et aux pressions qui s’accentuent… jusqu’à 70 ans ? De quelle retraite bénéficieront réellement nos pensionnés, à l’issue de toutes ces réformes successives, sachant que l’état de santé ne s’améliore pas entre 62 et 70 ans. Bien sûr, il reste la solution de partir plus tôt, avec une retraite amputée des trimestres manquants et de cette odieuse décote… Choisir entre une retraite de misère et une retraite de grabataire, c’est ça la justice sociale du 21ème siècle ? Lorsque les salariés comprendront que se battre en eux n’est pas la solution, les choses évolueront…


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