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SNCF : non, le "réformisme", ce n'est pas l'accompagnement !

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La différence entre syndicalisme réformiste et syndicat révolutionnaire… C’est sans doute la première chose à enseigner à un militant syndical débutant… C’est d’ailleurs, avec l’histoire et les historiques des grandes confédérations françaises, une des premières leçons apprises, lors des toutes premières formations dont j’ai bénéficié. Connaître l'environnement : un élément aussi fondamental pour une pratique syndicale objective que l'est, sur un autre registre, l'enseignement de  la sécurité des circulations à la SNCF. Sauf que, dans les deux cas, les approches sont galvaudées, les références au passé oubliées, la rigueur reléguée au placard, comme dans de nombreux domaines professionnels… L’efficience, cette calamité du 21ème siècle, ne s’est pas arrêtée aux portes des entreprises…

 

C’est ainsi que tous les jours, à la SNCF comme ailleurs, l’on entend de plus en plus citer la « position des syndicats réformistes ». Selon le Larousse, le réformisme est une « pratique qui consiste à introduire des réformes politiques, économique, sociales en restant dans le cadre institutionnel existant et en utilisant les procédures légales ». En résumé, en termes de syndicalisme, les organisations ainsi estampillées sont censées améliorer la situation, les conditions de travail, les acquis des salariésen agissant sur des leviers légaux, y compris par l’action, mais sans remettre en cause les fondements même de la société.

Le syndicalisme révolutionnaire revendique les même fins, mais selon des modalités différentes : il ne s’agit pas de faire évoluer les règles existantes, mais d’en faire table rase pour instaurer un nouvel ordre plus favorable aux salariés (d’où le terme révolutionnaire). Extrait de la Charte d’Amiens (1906) : « la CGT groupe, en dehors de toute école politique, tous les travailleurs conscients de la lutte à mener pour la disparition du salariat et du patronat ».

A l’origine, en France, deux syndicats incarnaient les deux tendances : la CGT le syndicalisme révolutionnaire et un syndicat chrétien le syndicalisme réformiste. Pratiquement toutes les organisations syndicales présentes à ce jour sont nées d’une ou de plusieurs scissions de ces deux syndicats originaux.

 

Le problème, c’est la confusion instaurée à ce jour par les médias, et par les entreprises comme la SNCF, au sujet de la notion de réformisme. Lorsque des organisations soutiennent des réformes, telles celle du code du travail, ou celle « portant réforme ferroviaire » qui impliquent essentiellement des reculs sociaux, elles ne peuvent être qualifiées de réformistes.

Le réformisme ne vise pas à adoucir les reculs sociaux, voire à s’inscrire dans des jeux d’amendements arrêtés d’avance pour éviter le « moins pire ». Pas plus que de s’ériger en sauveur lorsque l’on arme la main du bourreau ! Non, le réformisme, c’est bien la conquête, par des moyens légaux, de nouveaux acquis et la lutte pour la préservation de l’existant. Une organisation réformiste, une vraie, sait appeler à la mobilisation lorsque la situation l’exige. Pas à des actions placebos, des grèves alibis, des mouvements de complaisance qui ne servent qu’à tromper les salariés. Ce n’est pas ça, le réformisme !!! 

Cela porte un nom : l’accompagnement.

Et dans l’absolue, pourquoi pas ? A la SNCF, le syndicalisme d’accompagnement, nourri d’individualisme et  de recherches d’intérêts personnels à court terme, a le vent en poupe. Sur le plan national, les Gouvernements successifs, toutes tendances confondues, se nourrissent de l’accompagnement et savent renvoyer l’ascenseur. Tant mieux pour ceux qui en tirent bénéfices. Ce ne sont sans doute pas les salariés. Ces derniers doivent pleinement assurer leurs soutiens.

Mais que cet accompagnement soit alors transparent, assumé, revendiqué même, mais qu’il ne soit jamais qualifié de réformisme.

Les premiers réformistes, qui ont contribué à la création des congés payés, du SMIC, de la Sécurité Sociale, doivent se retourner dans leurs tombes…


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