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Channel: Bernard Aubin
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SNCF : les coulisses de la réforme

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Le "Canard Enchainé" consacre un long article à la réforme de la SNCF. Le texte en résume les enjeux,  enfonce le clou sur les difficultés entourant la réorganisation du système ferroviaire français, et évoque des échanges de couloir. Résumons. Depuis 97, la SNCF a été privée des ses infrastructures pour donner naissance à RFF, un EPIC qui au passage a hérité d’un grosse partie de la dette ferroviaire. Le problème, c’est que tous les observateurs s’accordent à reconnaître que sur le plan organisationnel comme financier, ça ne marche pas. Alors, toutes ces grosses têtes ont décidé de réunifier les infrastructures sous le même chapeau. Tout le contraire de ce que souhaite Bruxelles, chantre du libéralisme et prédateur des monopoles publics. Premier problème.

Le second, c’est que cette « réunification » constitue en réalité une scission, car la réforme donnerait finalement naissance à trois EPIC là où il y en avait deux. Avec au passage de nouveaux cloisonnements, imposés par l’Europe, et le retour de la dette dans le giron de la SNCF… Pas terrible. Troisième problème et non des moindres, la SNCF se sert opportunément de la réforme pour exploser le Statut des cheminots. Et cela, rien ne l’y oblige si ce n’est sa propre volonté. Un principe soutenu par l’ancien Gouvernement et intégralement repris à son compte par celui en place.

Pour faire passer la pilule, l’un des conseillers de Frédéric Cuvillier ne s’était pas caché rechercher le « soutien des gros » syndicats. Pas sûr que les cheminots soient stupides ou aveugles au point de ne pas s’en rendre compte, surtout dans le contexte actuel des élections professionnelles… et municipales. Selon le Canard, une réforme impopulaire aurait pour conséquence de « fâcher les communistes » très présents à la SNCF. Pas que les communistes d’ailleurs, d’où un ralentissement de la cadence.

Et l’hebdomadaire de pointer du doigt les dissensions entre l’Elysée et Matignon. Selon le journal, Guillaume Pepy aurait tissé un réseau d’influence dans les Ministères, avec notamment pour vocation d’accélérer les choses… Tandis que  de son côté, François Hollande n’est pas pressé d’altérer le peu qui reste de sa popularité… Voire pire, de jouer avec le feu en pleine période de crise près de la poudrière SNCF.

 

Revenons en à ce que ne cite pas le Canard… Depuis plusieurs années, Gouvernements et Direction jurent mordicus que le Statut des cheminots ne serait pas touché par la réforme. Même un syndicat opportuniste a récemment repris à son compte l’argumentaire destiné à tromper les salariés… et fait semblant d’y croire. Or, le sort du Statut serait bien jeté si cette réforme n’était pas modifiée. Car le Statut des cheminots, ce n’est pas ce qui est appelé, en interne, directive RH 0001 (Statut des relations collectives entre la SNCF et son personnel) mais l’ensemble des acquis.

Et là, tout risque de voler en éclat. Pour preuve, le rapport établi par le cabinet d’expertise SECAFI (proche de la CGT) qui dresse une situation apocalyptique de l’environnement social après la réforme. Première à être touchée, mais c’est connu, la règlementation du travail. Suivent les facilités de circulation pour les actifs et retraités, le régime de retraite, la caisse de maladie, les activités sociales… Trois EPIC, ce seront 3 personnels soumis à des réglementations les plus diverses, ce qui entre autre interdira toute passerelle entre les 3 "nouvelles" SNCF. Et il est évident que si nivellements sociaux il y a, ils se feront par le bas.

La Convention Collective servant de base commune à tous les employés des opérateurs ferroviaires ne pourra être que très en retrait par rapport au Statut des cheminots. En un an de "négociations", ce sont plus de 75 années d’avancées sociales qui risquent d’être balayées d’un revers de main… dans une relative opacité… Car la vraie question est : pourquoi le rapport de Secafi, datant de novembre 2013, et commandé par les organisations syndicales « représentatives » de la SNCF, n’a-t-il connu qu’un écho si discret ? Un silence assourdissant face aux enjeux.  S’agit-il là du « dialogue social en sourdine » évoqué, mais non-illustré, par le Canard Enchainé ?

 

Dans son Flash, le syndicat FiRST résume quelques points clés du rapport : cliquez ici


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