La cérémonie de vœux de la SNCF n’a guère été le théâtre de scoops. Pour autant, la lecture entre les lignes de certains propos révèlent une véritable inquiétude qui tend à se confirmer. De nouvelles grèves risquent-elles de paralyser le trafic au printemps ? Les intervenants avaient lourdement insisté sur l'impérieuse nécessité de réussir vite et bien les négociations sur la nouvelle Convention Collective Nationale Ferroviaire, comme pour conjurer le mauvais sort.
Tout doit être bouclé le 30 juin… Après, en cas d'échec, es cheminots de la SNCF ne disposeront plus que d'une seule référence en droit du travail : le Code du Travail. A ce jour, les négociations, complexes et à fort enjeux sociaux, n’ont toujours pas débuté. La faute à qui ? A l’Etat, incontestablement, car le « décret socle » devant servir de base aux négociations, et qui à lui seul risque déjà de donner lieu à des débats houleux, n’a toujours pas été publié.
Humour noir relevé dans un article de presse : « pour débloquer la situation, les pouvoirs publics ont décidé de dévoiler de manière anticipée le décret socle ». En espérant que cela relève effectivement de l’humour, car cette notion d’ "anticipation", à quelques mois du bouclage obligé de négociations qui n’ont pas commencé, fait rire… jaune.
Concrètement, la « remise à plat de l’organisation du travail » évoquée régulièrement par le Président de la SNCF pourrait donc débuter au plus tôt mi-mars. Ce qui offre un ridicule délai de 3 mois et demi pour refondre le feu RH 0077, négocier au mieux, et perdre le moins de plumes possible.
L’on entendra sans doute bientôt le chant dissonant de certaines sirènes. De celles qui hier ont avalisé les principes autorisant les reculs sociaux et se présenteront demain comme les premiers défenseurs de la veuve et de l’orphelin. Pousseront-elles le vice à revendiquer les maintien des acquis qu'elles ont contribué à éradiquer ?
D’autres appelleront sans doute plus légitimement à la mobilisation pour la préservation des règles de travail… Mais un peu tard pour obtenir le maintien intégral de la réglementation SNCF : la réforme ferroviaire est désormais gravée dans le marbre, et aucun opérateur privé n'acceptera de se voir imposer des contraintes que la direction de l'Entreprise publique souhaite elle-même alléger.
Ce qui devrait faire l’unanimité, cependant, c’est que 3 mois pour échafauder une réglementation nouvelle, commune, à l’ensemble des salariés des opérateurs ferroviaires, c'est tout bonnement impossible. Le RH 0077 s'était construit sur des années d'échanges, de conflits, d'accords... Les parentaires sociaux avaient mis 2 ans à ne jeter que les bases d'une convention destinées aux salariés des entreprises ferroviaires fret privées, texte qui n'est d'ailleurs toujours pas décliné dans les faits...
C'est dire que sauf à bâcler les négociations, à imposer d’autorités de nouvelles règles dont les grandes lignes ont peut-être par le plus grand des hasards déjà été arrêtées, à obtenir une nouvelle fois le soutien des syndicats d’accompagnement à quelques effets de scène près (les élections professionnelles sont passées), les échéances prévues ne pourraient être décemment maintenues. Tout est dit…
A relire, un ancien post : future convention collective ferroviaire, enjeux et risques
Et un plus récent : Convention, où en est on ?