Fin août, Marylise Lebranchu proposait de revoir les mécanismes d’avancement à l’ancienneté “pour mieux reconnaître les mérites des agents”, et “désserrer” l’échelle de rémunération “en intégrant une partie des primes dans la rémunération indiciaire”. L’initiative s’adressait aux fonctionnaires. Le Ministre comptait notamment engager “une profonde rénovation des parcours professionnels, des carrières et des rémunérations, et une réforme de la gestion des ressources humaines”. Si le projet, au demeurant sensible, venait à se concrétiser, il impacterait de plein fouet le Statut des fonctionnaires. La "réduction du poids de la gestion strictement statutaire" au bénéfice d'un "droit souple" devrait être au cœur des débats. Alors que les salaires des fonctionnaires sont gelés depuis 2010, cette annonce aurait pu faire l’effet d’une bombe… Pas du tout.
Plus récemment, le Président de la SNCF déclarait à son tour dans « Le Figaro » (06 novembre) : "Quand l'inflation est proche de zéro, la dynamique de la masse salariale doit être revue". En décodé, la Direction envisage vraisemblablement de refondre la grille des salaires. Le quotidien ajoute "Le président de la SNCF veut lancer des négociations avec les organisations syndicales pour dénoncer les accords internes qui régissent cet avancement mécanique. Et il proposera plusieurs scénarios".
A signaler que le déroulement de carrière ne repose pas sur des « accords internes » mais sur le statut des relations collectives entre la SNCF et son personnel (chapitre 6 du RH 0001, en langage cheminot). L’annonce ne semble guère avoir fait plus de bruit que celle du Ministre visant les fonctionnaires. Et pourtant, là aussi, le sujet est sensible.
On ne pourra pas reprocher à ce Gouvernement son manque de cohérence. A défaut de trouver des solutions à la crise, il engage une politique de nivellement vers le bas des salaires qu’en d’autres circonstances, la Droite lui aurait enviée. La multiplication des annonces convergentes ne doit rien au hasard. Pas plus que les « fuites » organisées dans la presse pointant une explosion de la masse salariale de la SNCF, sans explication.
Côté syndicats, les quelques initiés ont réagi avec une mesure plutôt déroutante. Les uns parce qu’ils attendent de voir, et les autres parce qu’ils doivent se sentir pour le moins mal à l’aise. Surtout ceux qui, aux côtés de la Direction de la SNCF et de l’ancien Secrétaire d’Etat aux Transports, annonçaient à qui voulait l’entendre qu’en aucun cas le Statut des cheminots ne serait remis en cause. Ca doit faire mal…